10 jours de congé payé pour cause de maladie ou de responsabilités familiales : une question d’équilibre

Actuellement, la Loi sur les normes du travail (LNT) ne prévoit pas de rémunération pour les travailleuses ou les travailleurs qui s’absentent pour cause de maladie. Bien souvent, leur sort est dicté par le « bon vouloir » de leur patron.

Une situation inacceptable

Plusieurs travailleuses ou travailleurs vivent avec un budget serré et le fait de ne pas bénéficier de congé payé les incite à travailler même lorsqu’ils sont malades. Ils risquent ainsi d’aggraver leur état de santé, ou dans certains cas, contaminer leurs collègues ou leur clientèle.

 

 

 

 

Des impacts sur la santé

Ne pas pouvoir compter sur des congés payés pour raisons familiales complique la conciliation travail-vie personnelle. Or, le conflit entre le travail et la vie personnelle nuit à la santé physique et mentale de celles et ceux qui doivent prendre soin d’un enfant ou d’un proche à autonomie réduite; les études le démontrent[1]. Pour les personnes avec des responsabilités familiales, souvent les femmes, cela signifie du stress et de la culpabilité lorsque les besoins familiaux entrent en conflit avec les besoins liés au travail. Et si elles s’absentent à leurs frais, elles vivent en plus un stress financier. Offrir de meilleures conditions de travail relativement à la conciliation travail – vie personnelle, c’est donc agir pour garantir un meilleur soutien aux enfants ou personnes à autonomie réduite, mais aussi pour prévenir des problèmes de santé chez les travailleuses et les travailleurs mêmes.

Une mesure qui favorise l’égalité entre les hommes et les femmes

Revendiquer 10 jours de congé payé pour cause de maladie ou de responsabilités familiales, c’est également établir les conditions nécessaires à l’égalité entre les hommes et les femmes. Encore de nos jours, les responsabilités familiales incombent particulièrement aux femmes. En 2016, les femmes se sont absentées en moyenne 74 heures pour des obligations personnelles ou familiales alors que chez les hommes, la moyenne était moins de 20 heures. Si l’employeur offrait des jours de congé payé pour raisons familiales à tous, la répartition équitable des tâches domestiques entre les femmes et les hommes serait facilitée. C’est ce que l’instauration du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) a permis à l’égard des congés parentaux.

Une mesure adéquate pour les travailleuses et les travailleurs expérimentés

Enfin, le marché du travail est en mutation et l’État québécois doit adapter les normes du travail en conséquence. Les travailleurs et les travailleuses expérimentés comptent pour une part de plus en plus importante de la main-d’œuvre. Si le gouvernement souhaite favoriser leur maintien sur le marché du travail, des mesures de conciliation famille – travail doivent être mis en place. Parfois, ces personnes ont à s’occuper périodiquement de leurs parents en perte d’autonomie. Gérer de telles situations et s’occuper en même temps de ses propres enfants peut, dans certains cas, créer un casse-tête qui défavorise le maintien en emploi. Payer les congés pour raisons familiales constituerait une solution. Les employeurs doivent y contribuer.

S’attaquer au présentéisme qui engendre des coûts organisationnels importants

La situation actuelle est aussi dommageable aux entreprises qui subissent les conséquences du présentéisme et de certains problèmes de santé associés aux mauvaises conditions de conciliation famille-travail[2]. Lorsqu’une personne rentre malade au travail, sa productivité est inférieure à son rendement habituel[3].

L’accès réel à des congés payés pour maladies et raisons familiales nous concerne toutes et tous. Ne nous laissons pas effrayer par le changement. Demandons 10 jours de congé payé pour cause de maladie ou de responsabilités familiales.

 


[1] Voir Katherine LIPPEL et coll. (2011). « Conciliation travail et vie personnelle » dans Enquête québécoise sur des conditions de travail, d’emploi, de santé et de sécurité du travail (EQCOTESST), Québec, Institut national de santé publique du Québec et Institut de la statistique du Québec – Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail, Chapitre 3.

[2] Idem

[3] Voir Annie DROUIN, Le présentéisme : Tour d’horizon avec Michel Vézina, 2013, http://apssap.qc.ca/blogue/le-presenteisme-tour-dhorizon-avec-michel-vezina/.