Connaître son horaire 5 jours à l’avance, c’est pas du luxe!

La Loi sur les normes du travail n’oblige pas les employeurs à informer leurs salarié-es à l’avance de leur horaire de travail.

Des milliers de personnes touchées

L’impossibilité de connaître leur horaire à l’avance entraîne des défis de taille pour la planification de la vie personnelle et familiale de centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs.

Loisirs, sorties entre ami-es, devoirs, activités des enfants, courses, rendez-vous chez le médecin – on comprend facilement qu’organiser sa vie personnelle ou familiale autour d’horaires de travail imprévisibles est un véritable tour de force.

Au Québec, en 2015, environ 29 % des pères et 26 % des mères salarié-es ayant de jeunes enfants avaient un horaire de travail atypique (c’est-à-dire un horaire irrégulier, de soir, de nuit ou de fin de semaine). Cette proportion était encore plus élevée chez les parents vivant dans un ménage à faible revenu (39 % des pères c. 26 % des mères).[1]

Des impacts de taille

Les exigences contradictoires du monde du travail et de la vie familiale suscitent des insatisfactions et un stress importants qui peuvent entraîner des conséquences fâcheuses dans différentes sphères de la vie. De nombreuses études[2] ont en effet établi que le conflit entre le travail et les responsabilités familiales augmente les risques d’avoir :

–          des problèmes de santé physique (comme l’hypertension artérielle, les troubles gastro-intestinaux, les allergies et les migraines) et de santé mentale (comme la dépression, la détresse psychologique, les troubles d’anxiété et de l’humeur, la dépendance à l’alcool ou aux drogues);

–          des problèmes familiaux et conjugaux (comme un manque de temps pour partager des repas en famille, des tensions dans le couple, des interactions plus conflictuelles entre parents et enfants);

–          des problèmes au travail (comme une augmentation de l’insatisfaction relativement à l’emploi, du taux de roulement, de l’absentéisme, des accidents du travail, du présentéisme de longue durée et de l’épuisement professionnel).

Les coûts découlant de ces problèmes de santé sont énormes, tant pour les travailleuses et travailleurs que pour les entreprises, le système de santé, la collectivité. Les travailleuses et les travailleurs ne devraient pas avoir à assumer de si lourdes conséquences sur leur santé et leur vie personnelle pour garantir une plus grande flexibilité à leur employeur.

Ça se fait ailleurs

Des juridictions canadiennes ont d’ores et déjà agi en cette matière. Par exemple, en Saskatchewan, les employeurs doivent aviser au moins sept jours à l’avance leurs employé-es des heures d’arrivée et de départ, pour une période d’au moins une semaine de travail.

Mobilisons-nous! Demandons que les salarié-es puissent connaître leur horaire au moins 5 jours à l’avance!

 


[1] LAVOIE, Amélie, 2016, Les défis de la conciliation travail-famille chez les parents salariés. Un portrait à partir de l’Enquête québécoise sur l’expérience des parents d’enfants de 0 à 5 ans 2015, Québec, Institut de la statistique du Québec, p.19-20. www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/conditions-vie-societe/conciliation-travail/conciliation-travail-famille.html.

[2] Voir notamment : ST-AMOUR, Nathalie, ET AUTRES, 2005, La difficulté de concilier travail-famille : ses impacts sur la santé physique et mentale des familles québécoises, Québec, Institut national de santé publique du Québec. https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/375-ConciliationTravail-Famille.pdf; ainsi que : LIPPEL, Katherine, et autres, 2011, « Conciliation travail et vie personnelle » dans Enquête québécoise sur des conditions de travail, d’emploi et de santé et de sécurité du travail (EQCOTESST), Québec, Institut national de santé publique du Québec et Institut de la statistique du Québec – Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail, Chapitre 3, p.159-232. www.irsst.qc.ca/media/documents/pubirsst/r-691.pdf .